La fenêtre était ouverte

Petit exercice d'écriture automatique lors d'un marathon d'écriture organisé avec Kaléïdoplumes.

Je suis arrivée devant une imposante grille en fer forgée. Elle m'a pour ainsi dire, interpellée, que dis-je ordonné d'en franchir le seuil. Au delà sent le chèvrefeuille et un je ne sais quoi du chien des gardiens. Je pourrais passer au travers, entre deux barreaux, mais non, on ne m'ordonne rien. Je fais donc une promenade le long du mur, jusqu'à un brèche providentielle que j'escalade en quelques mouvements sur pattes de velours. Une odeur de rosier grimpant, mais aucune trace d'un quelconque toutou.

J'entre dans un grand jardin où ne pousse qu'herbes folles et plantes aromatiques, quelques pivoines, coquelicots, un peu de blé autour de mangeoires pour oiseaux, inaccessibles malheureusement. J'arrive à l'orée d'un parc avec maison, que dis-je manoir, château, avec tourelle, s'il vous plait. Seul un peu de musique vient percer le silence jusqu'à ce qu'un toutou chiffonné vienne me déranger dans ma contemplation.. Non mais quel malotru celui là ! Allez oust ! Il n'a pas l'air de comprendre mes feulements. Deux ou trois coups de pattes bien placées et hop, le voilà qui s'enfuit en gémissant. Bon débarras.

Où en étais-je ? Ah, oui, une odeur de victuaille semble émaner du château, filets de poissons ? volailles en tartines ? et toutes ces lumières … on se croirait à Versailles. Non que j'y sois déjà allée, mais il paraît qu'on dit cela quand il y a de la lumière partout et des gens nul part, ou presque. Autre question, comment entrer ? Il me faut absolument visiter, goûter de ces plats délicats qui n'attendent que moi. Hummm, de la truite bien fraîche, du foie bien gras, du canard déplumé et désossé, quel festin en perspective.

Enfin, une fenêtre ouverte, un peu haute certes, mais l'aventure est à portée de pattes. Hop, hop ! Hop ! Heureusement que le château n'est plus tout jeune. La fenêtre est bien haute, mais le mur est facile à escalader tant les joints se désagrègent par endroit. Mais ? Blam ! patatras, étalée comme un sac à patates sur le plancher au milieu d'un capharnaüm incompréhensible. Punaise de gribouille de crotte de concombre, c'est quoi ce bordel ? En plus, c'est malin, je ne vois plus rien. J'en suis sûr, c'est un piège de ce malotru de toutou. Comment je sors ? Il y a du carton, je devrais en venir à bout à coup de griffes. De la lumière ? Tiens, un bipède.

Miaow …

Enfin libre !

Miaw

Libérée, Délivrée. Désormais plus rien ne m'arrête. Ces odeurs fraîches et si tentantes, m'attirent irrésistiblement. N’attendons pas que la porte se referme, filons !

Des voix attirent mon attention dans un petit salon. Il semble y régner une douce chaleur. Un fauteuil semble me tendre ses bras à proximité d'un bon feu de cheminée. C'est le paradis sur terre. J'ai une petite faim là, maintenant. grat' grat' grat' grat', slurp ! Encore ces puces, elles m'énervent. Bon, où en étais-je ? La cuisine, trouver la cuisine.

Pas ici, par là, c'est fermé. La bas, il y a de bonnes odeurs, mais pas assez fraîches, ça doit la salle de restauration. Un peu plus loin, du bruit et ça sent de plus en plus la bonne cuisine, je sent déjà du beurre à volonté, de la viande à ne plus savoir quoi manger et du poisson encore vivant, hummmm, excellent. Du monde arrive, vite cachons nous. Zut, trop tard, la porte s'est déjà refermée. Il n'y a plus qu'à attendre, elle va certainement s'ouvrir bientôt.

Ah enfin, un bipède apparaît avec un plateau garnit des meilleurs effluves, parfums de foies gras, de toasts de rillettes, de canapés à la mousse de truite. Hep ! pas si vite et moi ? Vite, suivons le avant que tout ne disparaisse.

Maaou ? Non, même pas un petit morceau en passant ? Personne n'en saura rien. Le salon musical, pourquoi pas. Il y a un peu de monde qui papote, mais je devrais pouvoir m'y glisser sans me faire remarquer, toujours à pattes de velours. C'est ma spécialité. Le plateau garni, sur la table, la chaise dans le coin à l'ombre, un autre saut et hop, j'y suis. Il ne me reste plus qu'à choisir par quoi commencer. Tout à l'air si appétissant, quoique ces canapés aux câpres, pfiouuu, quelle idée saugrenue et ces toasts avec des billes de sel noir … N'empêche, le foie gras, c'est très bon.

Oups, filons, quelqu'un s'approche un peu trop de mes canapés.

D'ailleurs, à propos de canapé, il y en a justement un qui est juste à la bonne distance du foyer chaleureux. Je vais profiter qu'il soit libre pour m'y installer et piquer une petite sieste.

Miaaaaeuuuu …

C'est bien tout ça, mais il n'est pas si confortable ce truc en cuir. Allez, un peu d'étirements pour tout remettre en place. Les pattes avant, pas de problème, orteils en éventail, les pattes arrières, surtout celle là, là, faut toujours la secouer un peu. Hop, un petit tour, ça papote toujours chez les bipède. Tiens, un coussin. Il est peut-être plus confortable … Piou, crotte de cannibale emplumé couvert de puces, ça sent le toutou ; c'est horrible.

Il me faut manger pour m'en remettre, un morceau de truite, par exemple. Bon où est la table avec son plateau ? Non, pas là, là, c'est la bonne table avec les bonnes odeurs, mais il n'y a pas de plateau, de tartine beurrée au foie gras, plus rien, pas même une miette. Et les bipèdes, ou les humains, par hasard, des fois, ils mangent des trucs bons. Là, un verre … beurk, du vin, et là ? Non, c'est chaud et ça sent les petits pois, mais ! ça sent comme chez moi dans la forêt, c'est dingue ça. Bon, sinon, rien à exploiter ici, autant partir chercher la cuisine.

Non, avant, marquer son nouveau territoire de chasse. Le fauteuil, un autre fauteuil, des jambes, vas-y frotte. La main qui s'approche ? D'abord vérifier qu'elle est propre. C'est bon, frotte-toi contre elle aussi, ça ne coûte rien. Maintenant, direction les cuisines. Oui, LES cuisines, des fois que ... Personne, rien en vue ? Non, absolument rien, tout est propre, nickel, rangé. Zut, raté. Dehors, dans la gamelle du chien … Non, pas la gamelle du toutou. Hop, agrippe la poignet, voilà, c'est ouvert.

Mais ! C'est tout blanc ! Quelqu'un à tout repeint en blanc pendant ma sieste, c'est scandaleux. Elles sont ou les taupinières maintenant, pi, c'est froid tout ça, ça colle. Tcheuu, ça vole dans tous les sens et c'est humide. Brrr, demi-tour.

L'escalier, vide, mène quelque part. Allez, hop hop hop, une fenêtre, une deuxième fenêtre, premier étage. Une table avec des fleurs mortes, deux fauteuils machin truc. Ça sent la cire et la poussière tout ça, mais pas de porte ouverte. Troisième fenêtre, quatrième fenêtre, une petite chaise toute seule et enfin une porte entrouverte. Il fait plus sombre, il y a un bureau, un fauteuil, des bibliothèques et pleins de trucs bizarres. Le fauteuil semble intéressant. Hop ! Oups, ça tourne, mais il est confortable. Allez, un p'tit dodo, pour s'en assurer.

Maaaeuuuu

Il est confortable, adjugé, faute de mieux. Hop, oups, ça tourne. J'ai un p'tit creux, là. Il doit bien y avoir un garde-manger correctement rempli quelque part dans ce château. Tiens, justement, le mini humain doit bien savoir. Je vais le suivre. Tiens ! lui aussi a pris la compétence "pattes de velours", pas un bruit quand il marche. Mais, il est où ? Disparu et je ne l'ai pas vu ouvrir la porte comme les autres humains. Non, il est en haut de l'escalier. Quoi ? Si je veux des grattouilles ? Mah, oui que je veux des grattouilles. Bah alors ? les grattouilles, elles viennent ? Non, tu peux pas ? Bon, tant pis. Allez, un peu de toilette, ça ne fait pas de mal. Au moins le mini humain est propre, il ne laisse pas d'odeur partout sur mon pelage.

" Ça y est, tu repart déjà ? Je te suis." Les combles ? Mais, oui, c'est un excellent terrain de jeu ; il y a même des souris ou des mulots quelques fois, des livres, des vieux papiers, des coffres vides, des malles pleines, des toiles d'araignées, des plumes de moineau ou de pigeons, une chouette qui dort. Pour les mulots, à mon avis, c'est raté là aussi ; la chouette à sûrement déjà fait le ménage.

T'es où ? Encore parti ? Bon tant pis, je vais redescendre fouiller les cuisines.

J'ai trouvé un pot de crème glacée façon tiramisu, oublié peut-être. Déjà entamé, il en restait suffisamment pour m'en faire un festin. Je n'en ai rien laissé, jusqu'à y plonger une patte pour atteindre le fond du pot. Ça m'a coûté un long brin de toilettage, mais c'était très bon ; j'en reprendrais bien. Allons voir les humains, peut-être ont-ils d'autres collations à me donner.

J'arrive dans le salon, ça papote toujours. Le majordome arrive justement faire le service, mais ça sent l'eau chaude, le sous bois et des trucs qu'ils appellent légumes. Une voix en particulier attire mon attention, mélodieuse, un parfum de printemps. Hop, je m'installe sur ses genoux, les mains n'ont plus la finesse de leur jeunesse, au moins, elles ne se sauvent pas, ne s'agitent pas dans tous les sens. J'en attrape une pour l'inspecter ; tout va bien. Je tourne en rond pour m'asseoir, Maou ? et m'installe, roulée en boule. Rrroouuurrrrooonnnrrrooonnn ...

Une main danse doucement comme suspendue par un fil invisible. Je me tourne, m'étire et allonge une patte pour l'attraper. Un ombre passe. Le temps s'arrête un instant. "Te revoilà ?" Mini humain aux pattes de velours est là et regarde autour. Dans quel but ? J'oublie la main qui s'est arrêtée quant ma patte l'a touchée, et porte mon attention sur mini-humain. La lumière derrière créé comme une aura tout autour. Approche-toi, lui dis-je en lui tendant une patte. "Pourquoi tu n'as pas d'odeur ? comme les autres humains. Non, ne t'en vas pas." Je retourne vivement pour mieux l'atteindre et … blam ! patatras, étalée comme un sac à patates sur le plancher.

Encore raté, mini-humain a disparu.

Je cours pour essayer de rattraper un courant d'air. Le couloir ? vide. L hall d'entrée ? vide. L'escalier ? vide. Quoique non, pas tout à fait. Il y a plein de tableau sur les murs, des portraits, si j'ai bien écouté. Des portraits de gens qui vivaient ici il y a longtemps et là, parmi tout ces tableaux, tous ces gens, il y a … mini-humain. Une plaque avec des mots que je n'arrive pas à lire, juste "So..." quelque chose. Un courant d'air me frôle. So ? Non, personne. Mia ! Rrroouuurrrrooonnnrrrooonnn ...

Sur le tableau, il y a un truc. Un objet que j'ai déjà vu quelque part dans le château. Mini humain est revenu et observe derrière une fenêtre sans me voir, sans faire attention à ma présence. Je saute sur le rebord, dehors il y a des pierres dressées, grises ou noires, sagement alignées derrière de petits tas de neige. Mia ?

Il commence à faire nuit. La chouette va bientôt se réveiller. Allez, hop, escalier, direction les combles. Je sais qu'il y a plein de cachettes et d'endroits secrets où jouer. Hop hop hop, la porte est toujours entre ouverte. Il y fait un peu plus froid et le vent chante sur les ardoise. J'entends les écureuils courir et la chouette déployer ses ailes. Dans une malle restée ouverte, de vieux chiffons colorés, un visage figé et multicolore, sur des étagères, plein de papiers, de journaux et vieux livres, un peu plus loin des jouets pour mini humains et grands humains aussi., mais un peu plus loin, bien caché dans un petit recoin sombre, je sais ce qu'il y a.

Tccheeeu ! C'est couvert de poussière, mais je l'ai retrouvé, comme sur le tableau, morceaux de chiffons colorés, comme un mini-mini-humain tout mou, une poupée de chiffon, je crois.

Hop hop hop, redescendre le grand escalier, la fenêtre ? Mini-humain n'est plus là. Le tableau ? C'est bien le portrait de mini-humain avec la même poupée. Hop hop hop, les cuisines ? Non, juste la cuisinière. Dans les couloirs, le majordome. Dans le salon, ça papote. Ah,non, c'est bien calme quand je traverse le salon à la recherche de mini-humain. Hep ! Bas les pattes, c'est la poupée de mini-humain, pas à toi ! Bon, je me sauve, mini-humain n'est pas là non plus.

Retournons auprès du portrait et posons la poupée devant ; mini humain la retrouvera peut-être en revenant. Après, j'hésite, le fauteuil pas très moelleux, mais au chaud ou la chaise dans le bureau du donjon au calme, mais moins chauffée ?