1. Le salon particulier
Par Feuille de thé le 17 févr. 2021, 4h00 - Passage pas sage - Lien permanent
Consigne spéciale pour l'anniversaire des 13 ans de Kaléïdoplumes
Le salon est installé dans un quartier calme, discret. Un simple logo signale sa présence, mais il évoque déjà ce qui m'attends, ce que je viens chercher ainsi tous les mois derrière l'accueil décoré de bambou. Je commence à m'aventurer dans un autre monde en entrant dans un petit jardin zen avec une hôtesse toujours aussi charmante.
Elle me reconnait aussitôt, ou fait semblant en voyant ma carte d'abonnement. Il me plait toujours de croire en un accueil personnalisé, qui sait, peut-être l'est-il réellement. Je reçois mon sac contenant tout le nécessaire, sortie de bain, huiles parfumées …
Passé la porte, le monde change, lumières tamisées, douces chaleur, léger parfum de fleur d'oranger ou de thé vert suivant les jours. J'ai pris l'abonnement plaisir égoïste, toutes options incluses. Je commence toujours par le sauna pour entrer dans une bulle à peine troublée par une rainette ou le bruit d'une petite cascade cachée dans les hautes herbes et les coquelicots . Dans ce Val perdu, je pourrais m'endormir et rêver juste moi et … non, chaque chose en son temps. Je passe ensuite dans les bains chauds et froids, avec ou sans bulles ou remous. Je sais à quel venir pour n'être jamais importunée. Qu'importe l'ordre, je ne suis là que pour moi ; je ne reviens que pour lui … mon masseur que je rejoins ensuite accompagnée d'une hôtesse toujours attentive et attentionnée. J'oublie toujours le sac, pas elle, alors qu'elle me prépare, m'installe et pose deux petites serviettes éponges, juste là où il faut, pas plus.
L'huile froide s'écoule lentement sur mon dos, me fait frissonner, suivi de ses mains à la fois fermes et douces. Il sait appuyer là où ça fait mal, là où ça fait du bien. Pourtant, je ne sais rien de lui ; il n'a jamais dit un mot, laissant l'hôtesse parler à sa place avec sa petite voix douce, si accueillante. Au contact des mains du masseur, toutes mes tensions, même les plus refoulées se relâchent. Elles accompagnent ma respiration, lente sur mes épaules ; les nœuds se délient doucement. Je ressens chacun de mes muscles, certains plus tendus que d'autres, mais tous disparaissent sous ses doigts et redeviennent harmonie. Le souffle est un peu plus rapides lorsqu'il arrive sur mes hanches, dans le bas du dos, redescend lorsqu'il remonte vers ma nuque. L'ensemble se synchronise, descend, monte et redescend un peu plus bas, libérant un peu plus d'énergie, de chaleur, un peu plus de chakras à chaque fois, comme les vagues sur une plage de sable fin. Et ce parfum exotique, envoutant … Un peu plus bas encore, sur mes jambes, mais pas trop loin.
J'aimerais tant qu'il me raconte les origines du monde, mais il faut se retourner. Il est toujours là, je vois ses bras musclés et couverts de tatouages, ses mains luisantes et tellement douces quand il masse mes épaules. Je ne peux m'empêcher de les regarder se balader sur mon corps, presque hypnotisée par les courbes dansant sur ses bras. Pourquoi me fait autant languir à chaque fois ? Je lui offre mes courbes malgré les serviettes légères qui en masquent l'essentiel. Il s'en approche, fait le tour et les détours, ses doigts éveillent mes sens sans avoir l'air d'y toucher. Il caresse autant qu'il masse. J'ai envie de lui dire, de l'accompagner au-delà des petits cercles sensibles. Il en fait le tour, s'en approche de plus en plus, mais jamais ne franchit la frontière. Il pourrait me faire fondre dans le creux de ses mains.
Il continue à descendre, sachant parfaitement ce qui me fait plaisir, se doutant d'autant plus de ce qui m'apporterait encore plus de plaisirs. Il s'en approche de plus en plus, même ses pauses sont sensuelles. Ses mains glissent sous la dernière serviette, effleurent mes cuisses, frôlent le mont de Vénus. Je ne suis plus qu'une poupée de chiffon, complètement coupée du monde. Je l'aurais sinon attrapé afin qu'il m'offre un rêve inoubliable de ses massages, ses caresses toujours aussi … sensuelles ; inoubliables jusqu'au bout du rêve, effleurant toujours la petite mort sans jamais l'atteindre.