La dame triste

Douzième consigne de Kaléïdoplumes
Écrire un texte dont la seule contrainte sera de le commencer par cette phrase :
” J’aurais aimé pouvoir lui parler, les fantômes savent tant de choses … “


- J’aurais aimé pouvoir lui parler, les fantômes savent tant de choses …
- Il n’y a pas de fantômes, ils n’existent pas
- Mais pourtant …
- Non, tu dois rêver !
- Oui peut être …

Comment lui raconter ? Cette dame triste qui attends près de l’ancienne chapelle, cet enfant qui court après un ballon qui n’existe plus ou ce couple uni à tout jamais ? Il ne comprendra pas, ne pourra jamais les voir. Je sais qu’il me prends pour un fou. J’allais souvent les voir, la bas sur les monts. Les anciens croient qu’ils sont hantés, mais j’y ai vu des gens biens, j’y ai croisé les derniers gardiens. Heureusement pour nous, ils sont fidèle au poste. Je n’aimerais pas être à leur place quand l’Ankou essaiera de franchir la porte du mont d’Arrée. Comment lui raconter, les parties de cache-cache avec les Korrigans dans les bois sacrés. Si le curé avait su … Il préfère croire que les druides cueillent le gui avec une serpe d’or, n’importe quoi. Il ne pourra jamais les voir, comme moi je les ai accompagné. Je n’ai pas rencontré Merlin, mais j’aurais tant aimé pouvoir leur parler, ils savent tant de choses …

J’y étais presque … quand ils m’ont attrapé …

Ils disaient vouloir tout mon bien, que je pourrais rencontrer pleins de gens comme moi. Je ne savait si je devais les croire, mais je ne pouvais rien. Ils m’ont emmené loin de chez moi, de mes monts, dans un grand manoir blanc. Un grand monsieur habillé en blanc, comme un druide, m’a demandé de lui raconter. Je savais bien qu’il n’était pas druide, il n’avait aucune aura. Il ne parlait pas beaucoup, enfin, au début. Il était très gentil, enfin, au début. Ils disaient tous que j’étais malade, mais jamais de quoi ; me donnaient plein de pilules multicolores. J’ai rencontré plein de gens, mais aucun comme moi. J’ai reconnu la dame triste de la chapelle, personne ne veut l’approcher. On me dit que c’est sa sœur, mais je sais que c’est elle. J’arriverais un jour à lui parler.

Depuis que je suis arrivé dans ce manoir, je n’en suis jamais sorti, les monts d’Arrée me manquent. Ils voudraient me faire oublier avec leurs pilules, mais je tiens bon, je fais semblant de les prendre. Je sais que les Korrigans viendront me voir, ils m’ont promis. J’entends déjà leurs rires espiègles. Quand ils seront là peut-être feront ils sourire la dame triste de la chapelle. Ils ont tant de farces à faire.