And now ... the oueb !

Onzième consigne de Kaléïdoplumes
Écrire un texte suivant la contrainte suivante :

  • Il commencera, et finira par ces mêmes mots : « Derrière l’écran »

Derrière l’écran, un tube ; derrière le tube, un fil ; derrière le fil un ordinateur et encore des fils. Derrière tout ça, il y a moi, non, vous, eux, enfin nous. Derrière l’écran nous sommes. Oui, mais non, comment puis-je être à la fois devant et derrière parmi nous, enfin parmi vous ? Nous, Vous, ils, Novotel …

Tout ce monde dans une si petite boite, des fils si fins ? Tous ce monde plus agité qu’un hôtel international. « Flight number two arriving … » Pourtant, derrière l’écran il y a toi, il y a moi, il y a … comme un miroir. Je lis ta prose, je vogue sur ses vers, relis mes notes. J’oublie. J’oublie le temps, la nuit qui m’appelle. J’oublie ta voix, ses yeux, non je n’oublie rien, je ne les connais pas. Pourtant, je suis là à tes côtés, devant vous, chez vous.

J’entre par la petite lucarne, lettres après lettres, au fil des mots. Je suis chez vous, dans le salon, au bureau, la plume d’or est bien en place ? dans la chambre peut-être, je ne dirais rien pour la peluche. J’arrive aussi avec mes paroles chez vous, enfin chez nous sur Kaléïdoplumes. J’en vois tirer une langue d’intensive réflexion, ou rougir de plaisir. Je vois, mais je ne suis pas là, seul mes mots restent, au milieu d’autres, anonymes parmi les anonymes.

Vous aussi, entrez chez moi par la lucarne lumineuse. Je vous emmène faire un tour, voyez à votre droite, la mare aux canards et ses bambous, plus loin un théier, camélia sinensis, au cinquième sans ascenseur. Là, maintenant, demain, hier, le temps suspends son vol, mais laisse le sablier s’écouler. Tous vos mails, messages, commentaires, à lire et relire, pour y répondre peut-être. Le ferais-je aujourd’hui ou demain, un jour ?

J’ai le monde dans mon salon et mon salon fait le tour du monde, pourtant que vais-je en retenir de ce flot d’images, d’informations, de surprises, de rencontres, rayons de soleil au milieu de ma nuit ; immobile et muet derrière l’écran ?