La plume du dernier jour

A l’occasion du marathon d’écriture 2017, réalisé avec marathon.big-forum.net et Kaléïdoplumes :

Abreuvée d’une encre, bleue, noire ou mauve, la plume attend. Allongée à côté d’une feuille blanche, elle rêve. En acier chromé, dorée en finesse ou véritable plume d’oie, elle s’impatiente, elle se languit. De ses rêves de milliers de mots, d’âme légère, d’émotions, de rires, de chants, de larmes, elle aimerait pouvoir partager, raconter, vivre. En attendant, elle rêve.

De temps en temps, elle vole. Au creux d’une main, elle s’agite. Gorgée de mots, elle caresse le papier ; accablée d’idées noires, elle gratte quelques lignes ; débordante d’amour, elle danse sur du vélin. La plume suit son chemin de courbes généreuse, de traits osés ou de points en formes de boutons roses, à travers feuilles, dans une main enlacée.

Sur la feuille s’enchaînent, lettres après lettres, de fines lignes d’une encre acérée comme le fil d’une épée ou larges traits d’un cœur généreux. Le phrasé suit le trait rose ou rouge du papier d’écolier. Les mots deviennent des phrases, les phrases deviennent des histoires. Des histoires de fées, ou de geôliers, de luttes et de supplices, de fers futiles, d’île aux oiseaux. Parfois la plume croise la fée Clochette, Circée et raconte l’histoire d’une So inconnue. Parfois, elle se tait et il faut lire entre les lignes. Parfois, elle crie et il faut se taire, parfois …

Quelque part, une plume, quelques fois un mot, des points de suspension, des choses que l’on ne sait pas encore, des éclats de couleurs ou des tâches de rousseurs. Des voyages et d’autres plumes et encore des mots, quelques maux, un peu de musiques et quelques chaudoudous chippés d’un côté pour mieux les distribuer de l’autre.

Ailleurs, un chat et ses moustaches, puis deux, quelques rayures, quelques écailles, un troisième, un quatrième, plein de chats, un chien se faufile, quelques escargots lambinent, mais toujours une plume à proximité

Et parfois, elle se tait, regarde autour d’elle à la recherche d’autres plumes. Parfois, elle ne voit plus et se sent seule et triste, frissonne en signant par le mot “Fin”. Alors, elle se sent, en rejoignant le porte-plume, devenir comme une vieille dame, fatiguée ou vieille avant l’âge ?