Le mot

consigne 27 de Paroles Plurielles
il s’agit de remplir les trous, entre les mots en gras…

Après quelques minutes de marches, il décida de s’installer sur ma langue, juste au bout. Pas celle de la voisine ou du pape, mais bien sur la mienne. certes, Feuille et chaton vont bien ensemble, comme le confirmeront noisetiers et autres saules. Mais pourquoi sur ma langue ? je n’en sais rien. Peut-être que le grand livre a voulu me faire une surprise, mais comme il ne veut rien me dire … Il est installé là et attend, silencieux, sans la moindre phrase.
Ou peut-être, s’est-il égaré sur le chemin qui menait à l’histoire du petit livre, poursuivi par une plume sans tête. Il s’est posé comme ça, un matin sans prévenir. Sortait-il de mes rêves ? ou voulait-il simplement faire un tour de pages et s’est-il retrouvé bloqué, perdu, au réveil ? Mais j’ai beau tournicoter mes mèches entre ses doigts - car, vous le savez bien, les rêves adorent se cacher dans certaines mèches – je n’arrive pas à retrouver son chemin. Je sais que je pourrais remuer la terre entière, aucun de mes souvenirs ne viendra le chercher.
Puis il reprit conscience, se réveilla et s’aperçut qu’il était perdu, qu’il s’était perdu en essayant de s’échapper. Mais, on ne s’échappe pas comme ça. En réalité, rien ne s’échappe, comme un bord de mer qui tire des bords mais reste prisonnier des bords de terres. Juste assez libre pour lui laisser de quoi … déprimer.
Il ne poursuivra pas plus loin son chemin et déjà commence à disparaître, emporté par un trou de mémoire comme une étoile dans un trou noir.