Corpus Christi - partie 5/5

Cette histoire en cinq partie a été écrite pour la consigne estivale de Kaléïdoplumes. La saga de l’été remplace les consignes hebdomadaires et avait pour thème cette année 2013, un monastère. Le personnage principal devait être un écrivain venant passer quelques jours ou semaines en retraite pour retrouver l’inspiration ou simplement se ressourcer.

Intrigue: En feuilletant les archives de la bibliothèque du monastère, il tombe sur un secret ? Une énigme ? Une information qui pourrait changer la face du monde ?


Sa quête commence plutôt bien, les deux premières églises sont contente de se débarrasser de grimoires encombrant. Écrit en latin alors que si peu de personnes savent encore le lire, ils ne font que prendre la poussière. Le suivant est dans un couvent dont l’entrée lui sera interdite par la mère supérieure. Il n’a ni l’envie ni le temps de parlementer, alors il décide de faire le mur. Après un premier repérage, le musée local lui apporte de quoi se renseigner sur l’édifice et la nuit suivante il escalade le mur d’enceinte. Faute de moyen suffisant pour son entretien, c’est presque une formalité.

La bibliothèque est dans un réduit attenant à la salle de prière. Il n’a jamais crocheté de serrure, mais celles qu’il rencontre lui semble d’une facilité déconcertante. Il trouve rapidement la niche contenant le trésor convoité, un coffret contenant le livre sacré. En laissant le coffret sur place, il devra faire attention ; il sait les pages du livre empoisonnées. Malgré les siècles passés, il n’a pas envie de savoir si le poison est toujours actif et plus tôt il sera parti mieux ce sera.

Il passera les jours suivant à chercher de vieilles églises dont certaines n’existent plus faute de moyens pour les entretenir. Certaines municipalité ayant choisies de les raser. D’autres se sont déjà séparées de leurs collections de livres précieux en les apportant à leur évêché ou en les offrant à des musées afin de les préserver. S’attaquer à ces institution serait trop risqué, surtout qu’il doit rester discret. Pourtant, en haut lieu, certains s’inquiètent et le font suivre discrètement. Qu’est qu’un bibliothécaire, même s’il vient de la bibliothèque pontificale d’Avignon peut faire d’une collection de livres sacrés ? surtout sans ordre officiel. Il prend, d’ailleurs, de plus en plus de précautions lors de ses déplacements, ne reste jamais deux nuits de suite au même endroit, surtout pour dormir. Les détectives apprendront qu’il a échappé de peu à une agression. Il visite les couvents et églises suivantes en présentant de fausses raisons, à l’un, il dit écrire un article sur les livres rares, à d’autres un guide des églises accessibles en pèlerinage ou ouvertes au public et demande à visiter les lieux, mais à chaque fois, il sait ou trouver son trésor. Il fait aussi régulièrement d’étrange rêves, comme les cartes des pirates, ils lui montrent l’emplacement du trésor.

Ses rêves ne peuvent pourtant l’avertir des dangers qui le guettent. Il devra une fois assommer un prêtre un peu trop curieux ou soupçonneux ; une autre fois s’échapper en courant sous une pluie de pierres et autres cailloux. Sa quête avance lentement, mais sûrement, avec déjà sept livres. Les suivants sont de moindres importances, l’un, pourtant, viendra d’une chapelle en ruine, miraculeusement intact au milieu de boiseries calcinées, où il devra se glisser entre les chutes de pierres et de briques. Son oreille gauche s’en souviendra quelques semaines. Le dernier sera plus compliqué à obtenir. Il devra trouver un caveau dans un vaste cimetière avec à peine de quoi l’identifier. La nuit promettra d’être longue.

Le cimetière est bien entretenu et laisse peu d’entrées officieuses. il se laissera enfermer. Trouver le bon caveau lui prendra la moitié de la nuit, heureusement, sa chaine ne résistera a pas à une bonne pince monseigneur. Le caveau est grand et de nombreuses cavités ne portent ni nom, ni même d’indication. Quelques unes sont vides. Il ne peut se permettre de vérifier chacune d’elle, ce qui lui prendrait quelques heures qu’il n’a pas. D’autres portent un écusson noir avec une croix blanches, il commence par celles-là. Des aboiements au loin ? ou simplement le vents qui lui apporte les bruits d’une ferme au loin. La troisième est la bonne. Le coffre est bien là et garni d’un épais volume. Sa couverture affiche un écusson noir avec une croix de Saint André blanche et le titre en lettres dorées “De Profundis”. Il n’a pas le temps de l’étudier davantage, les aboiements se sont approchés et il ne veut pas savoir pour qui ils sont, ni ce que sont les sifflements qu’il entend depuis qu’il a ouvert la niche. Il lui aurait pourtant suffit de lever la tête pour lire une sentence des plus contemporaine, “Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?”

Il laissera tout en vrac en sortant du caveau. Il s’en moque, sachant qu’il ne reviendra jamais. A l’horizon, le soleil pointe ses premiers rayons et les chiens ne sont pas très loin. Juste le temps d’une pensée, l’heure des chiens succédant à celle des loups, avant de commencer à courir. Il avait repérer quelques tombes collées au mur d’enceinte, escalier improvisé et salutaire surtout quand ce sont des balles qui sifflent autour de lui. Un peu trop près, il en gardera aussi quelques cicatrices. Sa quête accomplie il n’en est que plus content de rentrer chez lui à peu près intact. Il sera accueilli par un chat impatient de lui faire la fête. Il semblera aussi très intéressé par les livres qu’il ramène avec lui, surtout le dernier sur lequel, il n’hésite pas à se rouler. Ce soir là, alors que le chat noir se love contre lui, il fera le plus gros cauchemar de sa vie. Entre des grimoires maudits, des prêtre empoisonneurs ou un chat noir qui se transforme en diable, la nuit sera très chaude, agité, torride pour finir glacée au petit matin quand les détectives trouvent son corps.

Le chat vient de finir sa mission. Il s’en va comme il est venu quelques jours auparavant quand ils arrivent armés de gants de chirurgie, de sachets hermétiques et autres valises plus rembourrées les unes que les autres, ramasser tous les livres, avant l’arrivée de la police.

Fin de l’histoire. Il ne connaitra jamais le rôle qu’il aura joué dans une histoire qui le dépassait ; simple souris entre les pattes d’un chat. Leurs commanditaires seront content d’apprendre que les treize livres maudits seront enfin réunis et bientôt à l’abri dans un coffre-fort au cœur de la bibliothèque pontificale. Seul le dernier est empoisonné. Ils feront d’ailleurs très rapidement le lien entre les poils de chat et la mort suspect du bibliothécaire et se doutaient qu’un groupuscule essaierait de les détruire, mais pas qu’il utiliserait un de leurs bibliothécaires. La légende raconte encore que réunir ces treize livres et réussir à les lire, à les comprendre amènerait la fin du monde, d’un monde tel que nous le connaissons pour ouvrir les portes d’un nouveau monde à l’image de ceux qui activeraient les formules.

… mais ce n’est qu’une légende.