Corpus Christi - partie 1/5

Cette histoire en cinq partie a été écrite pour la consigne estivale de Kaléïdoplumes. La saga de l’été remplace les consignes hebdomadaires et avait pour thème cette année 2013, un monastère. Le personnage principal devait être un écrivain venant passer quelques jours ou semaines en retraite pour retrouver l’inspiration ou simplement se ressourcer.

Intrigue: En feuilletant les archives de la bibliothèque du monastère, il tombe sur un secret ? Une énigme ? Une information qui pourrait changer la face du monde ?

Vous constaterez que j’ai un peu contourné la consigne.


La porte devant lui est imposante. Elle s’ouvre sans bruit quand il s’approche, quelqu’un devait l’attendre. Derrière, la première chose qu’il voit, une quantité impressionnante de tables. Quelques livres posés ça et là attendent leurs lecteurs, d’autres ouverts n’ont plus besoin d’attendre. Sur la droite, des rangées de bibliothèques. Il est incapable d’en estimer le nombre, mais les devine chargées de livres. Sur sa gauche, ce n’est qu’une immense bibliothèque, de nombreuses échelles mobiles et une passerelle à mi-hauteur. Son regard ne peut s’empêcher de suivre l’alignement parfait de tous ces livres reliés, il les devine précieux. Tout au fond, dans une grande alcôve, une croix surmonte un petit bureau. Quelques lecteurs chargés de livres attendent. Tout semble figé dans un silence impénétrable.

Il avance comme hypnotisé par la croix. Une voix intérieure s’éveille et devient de plus en plus nette, ” …or … ist ! “ ; il est certain que ce n’est pas une langue germanique ; ” … cor du … ist ! “. Un lecteur tend une carte au bibliothécaire. Il n’en a pas, mais ça ne inquiète pas. “Le corps du Christ !” Une pensée traverse son esprit, tout les matins, juste avant l’ouverture, le Christ descend de sa croix et s’installe derrière le petit bureau et tous les soirs, après la fermeture, il remonte sur la croix. “Le corps du Christ !” Le bibliothécaire est barbu et porte une couronne d’épine.

Il n’a pas besoin de carte d’abonné, ni de chercher, un dernier regard sur la croix, “Le corps du Christ !” et il se dirige vers l’escalier en colimaçon. Juste le temps de noter en passant, deux sabots fendus sous une table et il arrive sur la passerelle ; sixième colonne, troisième étagère, un gros volume poussiéreux.

Le livre est lourd, l’escalier raide, une table libre. Il n’ose plus regarder la croix. La couverture épaisse ne comporte aucun titre, les premières pages sont jaunies par le temps. Les livres anciens ont toujours des pages jaunies par le temps. Il revient à la première page. Le vélin, plutôt écru, est doux au toucher et invite à tourner les pages. La calligraphie est envoutante, le texte incompréhensible. Quelques mots, pourtant, lui reviennent en mémoire. Les enluminures l’attirent de plus en plus vers un monde irréel. Les pages tournent, des voix se bousculent dans son esprit, certaines en latin, d’autres en français …

Bip, bip, bip, bip … ” journal vous est présenté par … “