La presse derrière les barreaux?

Le New York Times estime que sa journaliste, Judith Miller emprisonnée pour avoir refusé de délivrer ses sources, a agi dans "la tradition de désobéissance civile".

18 mois de prison pour avoir refusé de livrer ses sources. Faut il voir là une nouvelle opposition entre la justice et le journalisme aux USA?
Judith Miller et Matthew Cooper avaient été condamnés deux fois par une cour d'appel fédérale à 18 mois de prison pour « outrage à la cour », en raison de leur refus de donner leurs sources dans l'affaire Valerie Plame, du nom d'une agente de la CIA dont l'identité avait été révélée dans la presse en 2003.

Dans l'édition de Time du 17 juillet 2003, Matthew Cooper avait écrit que "des agents du gouvernement" avaient révélé à la presse l'identité de Mme Plame. L'information avait déjà été publiée trois jours plus tôt par Robert Novak dans le quotidien Washington Post. La Maison Blanche est soupçonnée d'avoir livré le nom de Mme Plame pour punir son mari, l'ancien ambassadeur Joseph Wilson. Ce dernier avait publiquement contredit des informations données par le président Bush pour justifier la guerre en Irak.

La révélation volontaire du nom d'un agent de renseignements pouvant être considérée comme un acte de trahison, une chambre spéciale présidée par le procureur Patrick Fitzgerald, a été créée en décembre 2003 pour enquêter sur l'origine de la fuite.

Nouvelle Obs.com : Le New York Times a remercié jeudi 7 juillet sa journaliste Judith Miller "d'avoir accepté" d'être envoyée en prison mercredi, plutôt que de révéler à la justice les sources d'une information confidentielle, au nom du droit d'informer et de la liberté de la presse.

Reporters sans frontières : « C'est un jour sombre pour la liberté de la presse, aux Etats-Unis et dans le monde. Cette sentence inédite, absurde et disproportionnée, à l'encontre d'une journaliste qui n'a fait que respecter une prérogative professionnelle, constitue une violation du droit international, un dangereux précédent et un très mauvais signal envoyé par les Etats-Unis au reste du monde. En tant que membre de l'Organisation des Etats américains, les Etats-Unis se doivent de respecter les textes adoptés par la Commission interaméricaine des droits de l'homme, dont la déclaration de principes sur la liberté d'expression stipule clairement que "tout journaliste a le droit à la non-divulgation de ses sources d'information" (article 8). »

Voir aussi : Reseau Voltaire